Les embouteillages à Kinshasa, souvent synonymes de lenteurs et de frustration, sont devenus le terreau de l’émergence d’un marché ambulant, où le commerce se déploie au cœur même du chaos urbain.
Chaque jour, les rues de la capitale congolaise voient se multiplier les vendeurs qui, en quête de subsistance, offrent des produits divers tels que biscuits, chargeurs de téléphone, cigarettes, chips de bananes plantains, jus et eau en bouteille plastique. Ce phénomène prend de l’ampleur dans un environnement où la chaleur atteint les 32°C et l’humidité avoisine les 72%, exacerbant ainsi les besoins des passagers, qui souffrent de la soif et de la faim dans les interminables embouteillages.
Un commerce risqué dans un contexte difficile
Ce marché improvisé, né de la nécessité, repose sur un équilibre précaire entre les vendeurs et les acheteurs, mais il n’en reste pas moins dangereux. En effet, les conditions de transport dans la ville sont loin d’être idéales : plus de 80 % des véhicules circulant à Kinshasa ne disposent pas de climatisation, et les chauffeurs de taxis et de bus de type Hiace Toyota ou Mercedes 2007 naviguent dans des conditions de confort limité, tandis que la ventilation est souvent insuffisante. Les passagers se retrouvent ainsi à respirer l’air chaud et pollué, souvent dans un silence étouffant, sans aucune protection contre les risques sanitaires.
Par ailleurs, la circulation des motocyclistes, appelés « moutards », ne fait qu’ajouter à l’instabilité. Ces derniers, souvent sans casque de protection, évoluent dans un enviro jh nnement propice aux accidents. Leur conduite parfois irresponsable, les véhicules circulant à contre-sens et le non-respect des règles de circulation contribuent à un climat de danger permanent. Les passagers transportés par moto sont particulièrement vulnérables, et les piétons ne sont pas en reste, exposés aux risques d’accidents en raison des étals qui envahissent les trottoirs.
Le commerce ambulant : un phénomène qui touche avant tout les femmes et les jeunes
Sur le plan démographique, les femmes représentent environ 12 % des vendeurs ambulants, une majorité étant composée de filles mères et de jeunes filles âgées de 13 à 30 ans. Ce marché de rue est souvent leur seule option pour gagner leur vie. Les produits vendus, souvent périssables, sont proposés à des prix faibles, mais présentent des risques sanitaires, notamment pour les produits alimentaires qui, exposés à la chaleur, peuvent devenir impropres à la consommation.
Malheureusement, les autorités semblent fermer les yeux sur cette situation, malgré la mise en danger des vies humaines et les risques de contamination. Les conducteurs respectent les règles de circulation uniquement lorsque la police est présente, et les motocyclistes portent un casque uniquement sous la pression des forces de l’ordre. Ces comportements soulignent un manque de conscientisation et de responsabilité collective face aux risques de circulation et aux conditions sanitaires dans lesquelles évoluent les vendeurs ambulants.
Vers une nécessaire rééducation des comportements
Il est urgent de repenser cette situation et d’adopter des mesures visant à protéger à la fois les commerçants ambulants, les passagers et les piétons. Il est impératif de légiférer pour que les motocyclistes, qu’ils soient conducteurs ou passagers, portent systématiquement un casque. Il serait également judicieux d’imposer la conduite à droite dans le pays, conformément aux normes internationales, pour réduire les risques d’accidents. Une sensibilisation à la sécurité routière, au respect des règles et à la responsabilité civique devrait être renforcée à tous les niveaux, tant chez les usagers de la route que chez les commerçants ambulants.
Les autorités locales et les acteurs de la société civile ont un rôle clé à jouer dans la régulation de ce marché informel. Il est nécessaire de trouver un juste équilibre entre la survie économique des personnes concernées et la sécurité des citoyens. Une gestion plus stricte du commerce ambulant dans les embouteillages pourrait permettre de diminuer les risques d’accidents et d’améliorer les conditions de vie de tous les acteurs impliqués.
Recommandations
- L’instauration d’une loi imposant le port obligatoire du casque pour tous les passagers de moto-taxis, qu’ils soient conducteurs ou passagers.
- La standardisation du volant à droite pour tous les véhicules circulant en République Démocratique du Congo, afin de réduire les confusions et risques de circulation.
- La mise en place d’une campagne de sensibilisation massive visant à éduquer la population sur le respect des règles de circulation et des normes sanitaires.
- La réglementation stricte du commerce ambulant dans les embouteillages, avec une attention particulière portée à la sécurité des vendeurs et des acheteurs.
- La création d’espaces dédiés au commerce ambulant afin d’éviter l’exposition des produits à des conditions insalubres.
- L’interdiction de jeter les ordures sur la chausse pour la protection de l’environnement.
- Que le permis soit accordé après une formation et rééducation des conducteurs des véhicules et aussi bien des motocycles.
- Les passagers souffrent de « demi-terrain » et parfois de la dynamique des prix en fonction des heures de pointe et décident la marche à pieds dont le débit atteint 7 à 18 personnes par seconde sur le trottoir d’un mètre.
- Organiser un colloque national sur les embouteillages dans les villes de la République Démocratique du Congo, dont l’ASEAD contribuera.
En définitive, bien que la situation actuelle à Kinshasa reflète un marché informel né des contraintes économiques, elle met également en lumière des risques multiples qui nécessitent une intervention urgente et structurée des autorités. Il est grand temps que la ville de Kinshasa, tout en encourageant le dynamisme commercial, protège ses citoyens des dangers qui guettent dans les embouteillages quotidiens. Les stratégies prises par les autorités d’alternance et des sens sont à encourager, mais le problème est celle de la rééducation de la conscience des usagers. Aménager des routes secondaires
ASEAD